- GUTTIFÉRALES
- GUTTIFÉRALESLes Guttiférales constituent un ordre de plantes dicotylédones parfois inclus dans celui plus vaste des Pariétales. Elles comprennent trois familles répandues principalement dans les régions tropicales; la plus importante, celle des Guttifères, comporte un millier d’espèces et une cinquantaine de genres, dont le millepertuis (Hypericum ) qui se trouve assez communément en Europe occidentale.Le millepertuisLe millepertuis ou herbe-à-mille-trous (Hypericum perforatum ), appelé encore «herbe de la Saint-Jean», est une herbe vivace qui croît de préférence dans les endroits secs, en lisière des bois, sur le bord des chemins, dans les pelouses ou dans les bruyères. Le nom vulgaire qui lui est attribué provient de la coutume qu’avaient les jeunes gens autrefois, le jour de la Saint-Jean, d’en confectionner des gerbes ou des guirlandes pour danser autour d’un feu; les plantes étaient ensuite jetées sur le toit des maisons pour les protéger de la foudre.Les tiges du millepertuis, ligneuses dans le bas, sont dressées et cylindriques avec deux côtes en saillie; elles portent des feuilles opposées, sessiles, dont le limbe ovale ou elliptique est criblé de petits points translucides, d’où le nom commun de la plante (cf. figure). Les fleurs, jaune d’or, sont réunies en inflorescences terminales de nature cymeuse; elles sont régulières, du type 5; les sépales et les pétales, tordus dans le bouton, portent de petites glandes noires; les étamines sont nombreuses et groupées en trois faisceaux. L’ovaire supère se termine par trois styles filiformes; il est divisé en trois loges contenant chacune de nombreux ovules insérés sur l’axe central (placentation axile). Le fruit est une capsule s’ouvrant en trois valves et contenant de nombreuses petites graines finement réticulées.Le millepertuis est indigène dans la majeure partie de l’Europe et s’est naturalisé largement en dehors de son aire d’origine: en Asie septentrionale et occidentale, dans le nord de l’Afrique, en Amérique septentrionale et en Australie. Dans ces deux dernières régions, il est devenu un fléau dans les pâturages où il peut provoquer des empoisonnements du bétail.La plante, séchée, était utilisée jadis en médecine populaire, notamment comme dépuratif ou dans le traitement des maladies nerveuses.De nombreuses autres espèces existent dans les régions tempérées et subtropicales de l’hémisphère Nord ainsi que dans les régions montagneuses intertropicales. Quelques-unes sont cultivées comme plantes ornementales de nos jardins (Hypericum calycinum ou millepertuis à grandes fleurs, égayant les bordures et les haies de sa floraison estivale).Caractères botaniques des GuttiféralesGénéralement du type floral 4 ou 5, les Guttiférales se caractérisent surtout par la présence de poches sécrétrices ou de canaux sécréteurs dans les différents organes de la plante; celle-ci produit souvent, par incision, une coulée de suc laiteux (latex) jaunâtre ou orangé.Les fleurs peuvent être unisexuées ou bisexuées; les sépales, toujours imbriqués, sont en nombre égal, rarement en nombre inférieur à celui des pétales; ceux-ci sont toujours libres; les étamines, nombreuses, sont fréquemment groupées en faisceaux (phalanges staminales) opposés aux pétales et souvent partiellement réduites à des staminodes; l’ovaire est typiquement supère, constitué de carpelles en général soudés complètement et formant deux ou plusieurs loges; les ovules sont attachés soit à l’axe central (placentation axile), soit à la base (placentation basale), soit au sommet (placentation apicale); dans certains cas, la fusion des carpelles est incomplète et les ovules sont disposés sur les parois latérales (placentation pariétale). Les fruits peuvent être secs et déhiscents (capsules loculicides ou septicides) ou charnus et indéhiscents (baies ou drupes). Dans la plupart des cas, les graines sont sans albumen; elles sont parfois pourvues d’un arille.Les Guttiférales sont généralement des arbres ou des arbustes, parfois des plantes herbacées, rarement des lianes. Elles portent des feuilles opposées, ornées de ponctuations glanduleuses ou traversées de canaux sécréteurs, d’où le nom qui leur a été attribué. Les stipules sont toujours absentes chez les Guttifères, présentes dans les deux autres familles. Quant aux inflorescences, si elles sont typiquement de nature cymeuse, elles peuvent toutefois évoluer en racèmes, en panicules, en corymbes, en ombelles, ou être réduites à des fleurs solitaires.Écologie et usagesDes trois familles composant l’ordre, seule celle des Guttifères, appelées aussi Clusiacées, présente une distribution géographique étendue. Les deux autres familles, les Eucryphiacées et les Quiinacées, représentées respectivement par un et trois genres, sont confinées l’une aux forêts tempérées de l’Australie sud-orientale, de la Tasmanie et du Chili, l’autre aux forêts tropicales et à la forêt amazonienne de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud.Les Guttifères se composent de nombreux genres répartis dans toutes les régions intertropicales, à l’exception du genre Hypericum qui s’étend surtout dans les régions tempérées. Les Guttifères habitent principalement dans les forêts denses, où elles constituent parfois des peuplements caractéristiques. Plusieurs d’entre elles présentent un intérêt économique.Le mangoustanier ou mangoustan (Garcinia mangostana ), originaire du Sud-Est asiatique, est un petit arbre fruitier, de culture très difficile, exigeant beaucoup de chaleur et d’humidité; il donne des baies de la taille d’une petite pomme, dont les graines sont entourées d’une pulpe blanche des plus savoureuses. Également très apprécié, l’abricot de Saint-Domingue est un gros fruit jaunâtre produit par Mammea americana , arbre d’Amérique tropicale aux grandes fleurs blanches à odeur suave.Les fruits de Calophyllum inophyllum ont la propriété de flotter sur l’eau et la plante est ainsi distribuée sur toutes les côtes tropicales de l’océan Indien et des îles du Pacifique occidental. Ses graines, appelées noix de Domba, contiennent une huile grasse et des principes aromatiques; elles servent à la préparation de divers baumes. Calophyllum inophyllum est également planté pour la beauté de son feuillage vert brillant et de ses grandes fleurs blanches odoriférantes.En Asie tropicale, les bouddhistes considèrent le bois de fer de Ceylan (Mesua ferrea ) comme un arbre sacré et le plantent autour de leurs temples. Il sert aussi à ombrager les avenues dans les îles de l’archipel indonésien. Ses graines, semblables à des châtaignes, sont comestibles.Garcinia hamburyi est un arbre de la péninsule indochinoise dont le tronc incisé laisse écouler un latex jaune, la gomme-gutte; celle-ci constitue un purgatif violent et trouve son utilisation en médecine; elle sert aussi à la fabrication de peintures, de vernis et de laques.Plusieurs espèces africaines (Pentadesma butyracea, Allanblackia stuhlmannii, Lebrunia bushaie ) fournissent des graines riches en matières grasses, qui sont commercialisées localement.Les fruits de nombreuses espèces sont recherchés par les animaux qui assurent ainsi la dissémination des graines. Chez Clusia rosea , d’Amérique tropicale, les graines sont transportées par les oiseaux sur d’autres arbres où elles germent et se développent, parmi les Orchidées et les Broméliacées, en pseudoparasites épiphytes; leurs racines aériennes enserrent de plus en plus le tronc support et finissent par le faire périr; d’où le nom de figuiers maudits qui leur a été attribué par assimilation aux figuiers étrangleurs.Relations phylogénétiquesLa position systématique comme les limites du groupe des Guttiférales restent assez controversées. J. Hutchinson (1959, 1969), dont la classification a été adoptée dans le présent article, les associe étroitement aux Myrtales, avec lesquelles elles possèdent en commun les feuilles opposées accompagnées de ponctuations glandulaires ou de canaux sécréteurs, mais dont les fleurs épigynes ou périgynes les différencient des Guttiférales aux fleurs hypogynes. D’après le même auteur, elles dériveraient directement des Théales, dont elles s’écartent par leur tendance au groupement des étamines en faisceaux et par leurs feuilles opposées. Elles constitueraient, parallèlement aux Myrtales, le terme d’une série évolutive ayant comme point de départ les Magnoliales.Pour A. Engler et H. Melchior (1964), l’ordre des Guttiférales se révèle beaucoup plus important et comprend de nombreuses familles, telles les Dilléniacées, les Paeoniacées (pivoine), les Ochnacées, les Diptérocarpacées et les Théacées (théier, camélia).L. Emberger (1960), quant à lui, inclut les Guttiférales dans le vaste ordre des Pariétales et les range dans le «sous-groupe des Dilléniacées aux Diptérocarpacées»; celui-ci correspond à quelques exceptions près (Paeoniacées dans les Ranales) à la conception de Melchior.Enfin, G. L. Stebbins (1974) et A. Cronquist (1981) ont retenu l’ordre des Théales pour y englober les familles classées par Melchior dans l’ordre des Guttiférales compris dans son sens large.guttiférales [gytifeʀal] n. f. pl.ÉTYM. Attesté XXe; du lat. mod. guttiferæ « plantes guttifères », créé par l'anglais Lindley, comme l'angl. guttiferal (1846), ou de guttiféracées, par substitution de suffixe.❖♦ Bot. Ordre de plantes dicotylédones, dialypétales, possédant un appareil sécréteur très développé. || L'ordre des guttiférales comprend plusieurs familles, dont les Hypéricacées et les Clusiacées (ou Guttiféracées). || Le calophyllum, genre de guttiférales. — Au sing. || Une guttiférale.
Encyclopédie Universelle. 2012.